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LES GARDIENNES

ceur de ce rapprochement. Mais les rebuffades de sa patronne ne se firent pas longtemps attendre,

— Travaille donc, disait-celle-ci, au lieu de t’occuper de ce qui ne te regarde pas… Tu n’as personne à la guerre, toi !…

Et cela fut cruel à Francine qu’on lui refusât ainsi le droit de pitié pour des gens qui ne lui étaient rien. Cela lui fut si cruel qu’elle quitta la maison peu de temps après.

C’est ainsi que la Misangère put trouver une servante.

Francine arriva à Sérigny un dimanche dans l’après-midi, portant, sous le bras, son petit paquet bien épinglé. Elle ne connaissait pas l’endroit ; on lui avait dit :

— Venant de la plaine, vous vous arrêterez à la première maison sur la droite. C’est là Château-Gallé où habite Mme Misanger, votre patronne.

Elle s’arrêta bien à cette première maison, mais n’y trouva personne. Elle s’assit devant la porte et attendit un bon moment. Le cœur lui battait un peu à cause de l’inconnu qu’elle allait affronter encore une fois.

Un homme passa sur la route, la regarda. Elle rougit et n’osa pas lui demander de renseignements. Puis, ce fut une vieille femme conduisant des chèvres ; cette fois, Francine s’avança et s’enquit de sa patronne,

— Hortense ? dit la vieille, elle est au Paridier… probable !…

Et elle s’arrêta pour questionner à son tour :