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LES GARDIENNES

IV


On l’appelait Francine Riant et elle allait sur ses vingt ans. Ce n’était pas une fille si forte que cela. Plutôt grande, elle paraissait mince ; malgré les gros travaux, ses mains étaient demeurées étroites ; elle avait le cou assez long et les épaules bien faites.

Certains l’auraient trouvée jolie ; d’autres non. À la vérité, sa figure était de celles que l’on ne remarque pas beaucoup lorsque l’on passe vite. Elle avait le visage allongé, les joues blanches ; sa bouche était petite, la lèvre d’en haut un peu juste ; on voyait ses dents dès qu’elle souriait et il y en avait une qui ne s’était pas trop bien placée. Plus d’une fille eût envié ses cheveux bruns et abondants, mais elle les disposait si simplement, sans bouffants ni frisettes que la beauté de cette parure naturelle pouvait passer inaperçue. Enfin, dans son costume, elle ne suivait pas la dernière mode.

On ne la remarquait donc pas entre les autres lorsqu’on regardait distraitement. Par exemple, en la régardant seule et bien, on ne pouvait s’empêcher de voir qu’elle avait des yeux admirables. C’étaient des yeux couleur de noisette mûre, limpides comme sont les yeux des tout jeunes enfants. Ils se posaient