Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LES GARDIENNES

un jour, il le conduisit même, en secret, jusqu’à la hutte du Grenouillaud.

De son côté, le père Claude montrait le maniement des outils et, sous sa direction, l’enfant travaillait comme premier ouvrier.

— Cela ne durera point ! disait Léa,

— Mais si ! répondait Claude… Cet enfant, il faut savoir le prendre…

Parlant ainsi, il risquait un regard vers Hortense ; par prudence il n’insistait pas, d’ailleurs, se contentant de savourer avec un peu de malice ce rare triomphe.

Les deux femmes firent sécher le regain et le rentrèrent. Ce n’est pas un mince travail que de rentrer du foin, au pays du Marais. Il faut le prendre sur le pré, le porter à la conche, dresser la batelée, conduire le chargement à la perche par les fossés étroits, parfois même le haler à bras. Devant la Cabane, il faut ensuite décharger le foin, le porter enfin du canal jusqu’à la grange où on l’entassse.

La Misangère et sa bru travaillaient ensemble sans beaucoup parler car la joie manquait. La bru conduisait seule les bateaux ; et, pour tout le reste, elle ne lächait pas son bout.

Elle était frêle, cette Léa, mais fière et d’un haut courage. À cause de cela, sa belle-mère l’avait toujours bien considérée,

Clovis parti, la Misangère reprit la maîtresse place au Paridier. Elle n’eut d’ailleurs point à commander