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LES GARDIENNES

intentions hostiles et il ne souriait plus du tout ; il battait en retraite et il serrait étroitement son butin sur sa poitrine car, au moment où il s’était levé, une grenouille avait jailli de sa jabotière.

— Croyez-vous que c’est le moment de fainéanter ? Où sont les fagots que vous devez emmener ? Sont-ils chargés seulement ? Je veux voir le travail que vous avez fait depuis ce matin.

Maxime fuyait et Marivon derrière lui ; ils se glissèrent entre les peupliers et, tout à coup disparurent, La Misangère, s’approchant du fossé, les aperçut qui filaient à toute rame sur le bateau de Marivon. Ils gagnèrent une conche qui s’enfonçait en plein Marais.

À plusieurs reprises elle appela :

— Maxime ! Maxime !

L’enfant ne répondit point pendant que sa grand’mère fut en vue, mais, au premier tournant, il se leva sur le bateau et fit un pied de nez ; puis il coassa, siffla et miaula pour finir.

Le Grenouillaud, trouvant cela très beau, se mit à rire aux éclats, ce qui lui arrivait rarement.

À partir de ce jour, le journalier ne revint plus ; Léa resta seule à la Cabane pour le travail. Il ne lui fallait pas compter sur l’aide de l’enfant qui gagnait le Marais à toute heure et rentrait quand il en avait le temps. Maxime parlait haut devant sa mère et celle-ci était trop occupée pour le réprimander comme il aurait fallu ; il devint une cause de soucis constants. Seule, sa grand’mère Misanger le mettait au pas quand elle pouvait l’aborder ; elle ne l’avait