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LES GARDIENNES

tractions, l’enfant était là pour lui faire des propositions tentatrices, pour lui poser des questions sur tel coin du Marais, sur telle fosse à tanches ou sur un point de rassemblement pour les corbeaux. Marivon le solitaire, sachant à peine parler, était incapable de donner des explications un peu difficiles ; cela lui cassait la tête. Il préférait conduire l’enfant où il fallait ; sur place, il montrait simplement les choses en souriant dans sa barbe hirsute.

Il ne fallut pas huit jours à Maxime pour établir sa domination sur ce simple.

Léa, un matin, fit des remontrances à l’homme et corrigea l’enfant ; ils se consolèrent en chassant des poules d’eau dont Marivon avait découvert la remise.

À quelques jours de là, passant à la Cabane, la Misangère trouva sa bru malade et fort inquiète. Léa avait en effet, dans la matinée, envoyé l’enfant au pré Cloux et Marivon d’un autre côté, chercher un chargement de fagots ; ni l’enfant ni l’homme ne rentraient. La Misangère jugea bon de s’en mêler.

— J’y vais voir ! dit-elle.

Elle prit place dans un bateau qu’elle dirigea vers le point du Marais où devait se trouver Marivon, Inhabile à manœuvrer la pelle qui sert de rame aux maraîchins, elle avait grand chaud quand elle arriva ; pour comble, en enjambant du bateau sur la berge, elle faillit choir dans l’eau. Redressée, elle avança sur le pré, d’humeur roide ; mais aussitôt elle s’arrêta…