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LES GARDIENNES

voulu me défendre il était trop tard !… trop tard !…

Elles demeurèrent un instant silencieuses l’une devant l’autre et la plus troublée et la plus humble n’était pas Francine.

La Misangère enfin trouva quelques paroles.

— Ma pauvre petite, j’ai eu des torts envers toi.

Francine l’interrompit :

— Si vous avez été injuste, dit-elle, Dieu vous punira !

Un silence pénible les sépara encore. La même Pâleur couvrait leur visage, mais les yeux de Francine étaient pleins d’allégresse hardie comme les yeux d’une rêveuse illuminée.

La Misangère sembla rassembler sa volonté et prendre un grave parti.

— Ma fille, dit-elle, écoute-moi… Je veux savoir où tu vas… et je veux que tu me dises…

Mais, vive, la voix de l’autre, de nouveau, brisa la sienne.

— Non, je vous dis adieu, madame Misanger ! Vous n’entendrez plus parler de moi et je ne vous demande qu’une chose qui est de ne jamais vous inquiéter de mon sort !

La Misangère pâlit davantage et détourna les yeux ; les grandes paroles de justice qui venaient à ses lèvres s’arrêtèrent ; elle acheva pauvrement :

— Je veux que tu me dises… si je t’ai bien assez payée lorsque tu as quitté le Paridier… Tu avais beaucoup travaillé pour nous…

Francine se redressa, les yeux fiers.

— Je ne vous demande pas la charité !… Non !