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LES GARDIENNES

Bien qu’elle fût blessée assez cruellement, elle n’en voulut rien laisser paraître. Un moment après, elle parla ainsi :

— Dimanche, Norbert doit venir au pays. Je voudrais profiter de cette occasion pour vous rassembler et vous faire déjeuner à ma table à Château-Gallé.

— J’irai ! dit le gendre. Il faut bien que nous parlions de l’arrangement… oui ! de cet arrangement que vous avez fait, partageant vos terres et votre argent pendant que, moi, je crevais de faim au chenil des Boches… J’aurai peut-être quelques mot : à dire…


À ce grand déjeuner du retour, vinrent les deux fils, le gendre, la bru et les trois Ravisé. Solange et Maxime ne parurent pas. L’absence de l’enfant choquait la Misangère ; elle l’avoua devant Norbert. Celui-ci, assez bon homme mais non des plus fins, observa :

— Il n’a pas voulu nous suivre ; il vous craint… Je ne sais pas ce que vous lui avez fait.

Le gendre, brutal, pensa qu’il était juste d’expliquer les choses clairement.

— Parbleu ! dit-il, le petit n’est pas fou ; il craint qui le bouscule. À vouloir trop sévèrement dominer on perd l’amitié des autres.

Il n’y eut que Marguerite Ravisé pour protester Elle leva des yeux indignés et sa voix fraîche, après celle des hommes, sonna bref.

— Taisez-vous ! dit-elle.