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LES GARDIENNES

certes point là ! Or, il avait devant les yeux tout un outillage neuf : charrette, rouleau, herse, charrue, faucheuse… Il demanda, inquiet tout à coup :

— Où donc as-tu pris l’argent ?

Solange répondit :

— Les denrées se sont vendues très cher…

Et la Misangère reprit encore :

— Tous les produits de la terre sont à des prix que vous n’imaginez pas !… Nous avons payé comptant et, soyez tranquille ! il reste à Solange de l’argent placé… Mais vous n’avez pas tout vu !

Au fond du hangar, elle tira une bâche qui recouvrait la lieuse.

— Avec cela, dit-elle, la moisson n’est plus qu’un jeu.

L’homme fit le tour de la machine, l’examina curieusement, la touchant avec précautions, d’une main légère, car il n’en connaissait pas le fonctionnement. Redressé, il vint près de sa femme et, lui mettant une main sur l’épaule, il dit simplement :

— Merci !

Il sortit le dernier du hangar, se retournant à chaque pas pour admirer le riche outillage. Dans la cour, il prit l’enfant dans ses bras.

— Maintenant, dit-il, allons voir les champs !

Solange, à cause de la pluie qui menaçait, fit mine de rester en arrière, parla de l’enfant qui prendrait froid. Mais la Misangère commanda encore, d’une voix basse et dure :

— Marche à côté de lui !

Ils passèrent d’abord par le pré Buflier où la terre,