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LES GARDIENNES

— C’est bon ! dit-il, je vais voir ça !

Il se leva et sortit, tenant en son poing un quignon de pain où il mordait encore.

La Misangère, à voix basse, dit à Solange :

— Marche à côté de lui ! c’est ta place !

Solange prit son enfant par la main et rejoignit son mari. La Misangère, derrière eux, sortit aussi.

Clovis, d’abord, se dirigea vers l’étable. Il compta les bêtes. Le nombre n’en était pas grandement diminué : ce fut une surprise pour lui.

— Tu as donc acheté ? demanda-t-il à Solange,

— Oui, répondit-elle.

La Misangère vint à son aide.

— Nous avons vendu, acheté… et nous avons élevé aussi.

Clovis ne questionna plus, mais son contentement fut visible. Seules, deux vaches demeuraient, du bétail d’avant-guerre ; il prononça leur nom au passage puis examina attentivement toutes les autres qu’il ne connaissait pas.

À la fin, il hocha la tête et dit :

— Il en faut du fourrage pour garder toutes ces bêtes en état !

— Nous en avons ! répondit la Misangère.

Et, passant la première dans la grange, elle montra les betteraves, les pommes de terre, les bottes de choux et de navets et le tas de foin à peine entamé.

La surprise de Clovis fut plus grande encore dans le hangar aux outils. S’il avait compté trouver quelque part un changement avantageux, ce n’était