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LES GARDIENNES

VII


Un matin de décembre, Clovis, le gendre, revint au Paridier.

Il était maigre et de teint jaune, recuit de misère avec des yeux de loup ; les os de sa forte charpente faisaient saillie sous sa capote.

Il embrassa sa femme, souleva brusquement son fils qui eut peur et se mit à crier.

Il ne pouvait s’empêcher de trembler un peu ; n’étant pas de ceux qui aiment à laisser voir leur émotion, il se retenait de parler.

La Misangère entrait ; il lui donna l’aecolade à elle aussi. Puis il dit :

— J’ai faim !

Otant sa capote, il s’assit au bout de la table, du côté du feu et tira un couteau de sa poche. Ses regards allaient vers le buffet et marquaient son impatience. Solange apporta le pain et un morceau de lard, puis cassa des œufs pour une omelette.

Il mangea solidement, se coupant d’énormes bouchées qu’il avalait vite, d’un coup de gosier, le front plissé, la tête projetée en avant. La chair sèche de ses joues s’étirait puis se rassemblait en nœuds durs