Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
LES GARDIENNES

à son compte un petits fonds de commerce qui, par ses soins, gagnerait en importance ?

Elle songeait au commerce mais sans s’attacher passionnément à cette seule idée ; elle réfléchissait, voilà tout, discutait avec elle-même. Marchande ? soit ! ce n’était pas si sot !… Pourtant s’il se présentait une autre entreprise plus avantageuse et plaisante, elle saurait en profiter. Dès que François serait hors de la première enfance, elle aurait l’œil ouvert pour guetter la bonne occasion.

Sa pensée, d’ailleurs, ne s’égarait point en ambitions démesurées. Ainsi, elle ne songeait pas à la fortune : tout simplement, elle voulait s’établir… En quel pays ? Mon Dieu ! cela importait peu !… En un pays qu’elle choisirait, où elle serait considérée autant que toute personne qui se conduit bien…

Dans ce pays, elle aurait sa maison, son travail, son fils. Elle aurait François et rien ne lui manquerait.

— Il ira à l’école comme les autres… et s’il est puni, tant mueux ! Il me fera bien mettre en colère ! Grand Dieu ! je n’ai pas fini !… Il travaillera avec moi si la situation s’y prête, sinon, hors de ma maison, à quelque bon métier qu’il aura appris… Le garder dans mes jupes ? pour qu’il reste craintif et mal dégourdi ? Merci bien !… Je lui laisserai la bride assez longue. Quand nous serons réunis, le soir, après le travail, ou bien le dimanche, il me contera ses affaires ; il dira ses peines s’il en a et moi les miennes. J’ai toujours eu peur de tout ; avec lui je ne craindrai rien ni personne… S’il y a