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LES GARDIENNES

francs ! Avec quatre mille cinq cents francs, je pourrais au besoin, me passer des autres.

Ils eurent un sourire, mais ne la détrompèrent point. La dame dit :

— Nous réfléchirons… nous chercherons. Revenez donc à la huitaine : peut-être aurons-nous trouvé ce qui vous convient.

Francine, le dimanche suivant, n’eut garde de manquer le rendez-vous et, cette fois, tout fut réglé pour le mieux.

Elle entrerait à la mi-décembre chez une vieille dame vivant seule à qui elle tiendrait compagnie pendant quelques semaines. Plus tard, elle reviendrait chez cette dame, si tel était son désir et pourrait amener avec elle son enfant, à condition que le service n’en souffrit pas trop. Les gages offerts étaient, comme il fallait s’y attendre, minimes. Francine, sans hésiter, accepta pourtant.

— Nous devons vous dire aussi que la maison ne semble pas fort gaie… et vous n’y jouirez pas d’une grande liberté pour vos sorties.

— Qu’importe ! répondit Francine, je n’y serai pas seule !

Elle répéta plusieurs fois :

— Je n’y serai pas seule !… J’aurai une compagnie… une compagnie…

Parlant ainsi, elle levait des yeux illuminés.

Après de grands remerciements, elle partit, sûre du lendemain, à présent, heureuse d’un bonheur nouveau et plus profond que n’avait été son furtif bonheur d’amour.