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LES GARDIENNES

vieil employé fit la grimace et, par deux ou trois fois émit une petite toux qui ne rimait à rien ; au bout d’un moment, sa voix raisonneuse s’éleva encore.

— Vous garderez votre enfant ! c’est bon !… Vous avez beaucoup d’argent ! Ma pauvre fille, vous ne savez pas ce que c’est que l’argent… Il y a encore une chose à laquelle vous n’avez pas pensé : si vous veniez à disparaître… oui, à mourir ?…

Francine, de nouveau, avait baissé les yeux. L’employé et sa femme se firent pressants. Il fallait tout de suite écrire à ce jeune homme, ou bien le voir, lui parler… Si ce n’était pas possible, il fallait s’adresser à sa famille. Tout commandait d’agir sans retard.

Francine ne bougeait pas, semblait ne pas entendre.

— Cette démarche est difficile… elle vous ennuie, je le comprends bien. Voulez-vous que je m’en charge, moi ? Donnez-moi le nom de ce garçon.. ou bien, si vous le préférez, j’écrirai à la famille… il a bien des parents !… Je leur dirai juste ce qu’il faut… voulez-vous ?

Elle fit « non » plusieurs fois, de la tête, et, comme il insistait encore, elle répondit :

— La famille m’a rejetée déjà.

Le vieil employé se mit presque en colère,

— Mais enfin, vous ne comprenez done pas que la situation est changée ? Vous êtes un peu têtue ! Tant pis pour vous, à la fin, si vous en pâtissez !

Et la dame de son côté :

— Puisque vous ne voulez pas que l’on parle pour