Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
LES GARDIENNES

rait ne point s’attarder plus qu’il ne serait nécessaire. Francine, au lieu d’entendre la messe, comme elle se l’était proposé, fit donc rapidement ses courses ; puis elle se hâta vers l’Hospice… Puisqu’elle se trouvait là, elle voulait revoir Sœur Angélique ; un besoin de s’épancher encore une fois la portait !

Elle arriva, essoufllée, sous le porche, fila sans attendre, comme une qui sait son chemin. Elle n’alla pas loin : une religieuse, sortant du pavillon des opérés, lui apprit que sœur Angélique était morte.

Francine répéta :

— Morte !… Morte !…

Mais l’autre la regardait, impassible, les yeux froids ; elle se trouva soudain honteuse, sans savoir pourquoi et presque effrayée. Elle sortit de l’Hospice tout de même qu’elle y était entrée, très vile, sans parler à personne.

Puis elle marcha au hasard par les rues, les veux vagues, la figure penchée.

Sœur Angélique était morte ! Il n’y avait donc plus personne sur la terre, à présent, pour écouter sa plainte.

Francine marchait lentement, sans regarder les gens.

Pourtant, à un carrefour, elle leva la tête pour reconnaître où elle se trouvait. Alors elle vit venir dans sa direction un homme à barbiche blanche dont la figure lui était connue : c’était cet employé-chef du bureau de l’Assistance qui lui avait aimablement parlé, en lui remettant ses papiers au jour de sa majorité. Par ce beau dimanche luisant et tiède, le