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LES GARDIENNES

mais enfin revenir pour toujours. Et Marguerite l’attendait, si bonne, si brave, et maintenant si gaie !… On allait, sans retard, fiancer ces deux enfants. Première joie après tant de peines ; première joie après les grands deuils.

« Georges revient et la noce sera bientôt. »

Glissant par les fossés entre la double rangée d’arbres feuillus, Francine, tout comme la Misangère, se répétait ces mots ; mais, pour elle, ils étaient d’une atroce cruauté. Elle venait de rencontrer Maxime au Marais et le garçon lui avait appris la nouvelle. Une douleur aiguë l’avait surprise, l’avait traversée comme une lame. Pour cacher son mal, elle s’était enfuie… Et maintenant elle rentrait au village, péniblement, sans force, sans courage, l’âme grelottante.

Francine connut encore quelques jours des plus tristes. Son grand chagrin était revenu, glacé, morne, noir et il l’accablait. Elle abandonna le trousseau si fiévreusement commencé, négligea toutes les précautions qu’elle prenait d’habitude.

Elle ne s’inquiétait plus de l’avenir ; la prière même ne lui était plus un baume. Pour un rien, elle fût partie, droit devant elle, à l’aventure. Une semaine pasea ainsi.

Le dimanche, à la prière de sa patronne qui la chargea de commissions, Francine prit place dans la voiture d’une voisine et se rendit à la ville.

La voisine allait simplement au marché et dési-