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LES GARDIENNES

meur plaisante. Il lui donnait les nouvelles de Sérigny, contait ses démêlés avec sa grand’mère, ses ruses pour trafiquer malgré elle avec les Américains et tous les bons tours qu’il jouait aux voisins Mazoyer. Elle ne l’interrogeait point mais l’écoutait en souriant. Un jour elle se trouva un peu malade devant lui, se sentit pâlir ; pour lui donner le change elle se mit à le taquiner et chanta comme il partait.

Maxime rapporta la chose à Sénigny ; désirant donner une leçon à sa grand’mère il dit, en sa présence :

— La chambrière que nous avions n’a rien perdu à nous quitter ; elle a trouvé le bon nid chez Miraine. Elle chante comme si elle n’était payée que pour cela ! Ce n’est pas souvent qu’elle avait le temps et le goût de chanter par ici !…

La grand’mère entendit bien le propos mais elle en fut si contente qu’elle ne releva point l’insolence.

À quelques jours de là, désirant acquérir de ses propres yeux, une rassurante et définitive certitude, elle fit ce qu’elle n’avait point osé jusqu’à présent : elle alla jusqu’à Saint-Jean et passa chez Miraine.

Francine ne se trouvait pas à la maison ; la Misangère, à son sujet, posa quelques questions. Miraine répondit en louant très fort le caractère de sa servante et son habileté à l’ouvrage ; elle était heureuse de montrer qu’elle était bonne patronne et facile à contenter.

— Chez nous, dit la Misangère, cette fille paraissait d’un naturel un peu renfermé.