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LES GARDIENNES

Elle pleurait silencieusement, la tête droite, les mains allongées sur les genoux. L’émotion tirait sa lèvre supérieure qui était déjà bien courte et de temps en temps, apparaissaient ses gencives roses d’anémique.

La vieille religieuse fut attristée. Ayant gardé toute sa vie à travers des douleurs sans nombre, son sourire d’ingénue bonté, elle n’aimait pas voir les larmes ; elle ne sy était jamais habituée. Elle condamnait les larmes, n’était pas loin d’y voir une rébellion et un péché.

— Repentez-vous, dit-elle ; si vous souffrez pour n’avoir pas suivi le bon chemin, repentez-vous et vous serez consolée… car Notre-Seigneur est miséricordieux.

Elle regardait Francine attentivement et tout un travail se faisait en sa mémoire.

— Vous êtes venue me voir l’an passé… Je vous reconnais bien ! Vous m’avez dit que vous alliez vous marier. Je vous ai donné une belle image : l’avez-vous encore ?

— Oui, je l’ai gardée… Je suis très heureuse, sœur Angélique, que vous me reconnaissiez… Francine Riant… Vous avez été bonne pour moi… Sœur Angélique, il n’y a que vous qui ayez été bonne pour moi…

— Séchez vos larmes, dit la religieuse et repentez-vous si vous avez péché.

Alors Francine leva ses mains et s’en cacha le visage. Et ce qui l’étouffait depuis tant de jours, elle l’avoua devant cette vieille religieuse qui la