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LES GARDIENNES

se chargeait auesi de la réception de toutes ces merveilles ; puis il fallait les distribuer aux pauvres qui les méritaient, grands fiévreux, incurables, enfants sans sourires tordus par le mal. Enfin, quand on avait une pièce particulièrement belle, il était bien naturel de la montrer au personnel, à la sœur tourière, aux médecins, à l’aumônier, à monsieur l’économe. Ce dernier qui savait le prix des choses n’avait-il pas dit, souvent, que certains amateurs paieraient cela fort cher ?

— Il a dit fort cher, en vérité… fort cher !

Sœur Angélique hochait la tête et les gestes de ses mains ponctuaient aussi ses paroles. Elle conclut ainsi :

— On ne le croirait pas, mais c’est un bon métier !

Contente d’avoir trouvé quelqu’un pour l’écouter jusqu’au bout, elle dévisagea bonnement Francine. Sa surprise fut grande à voir le visage navré de la pauvre fille et ses yeux brouillés de larmes.

Elle demanda :

— Qu’y a-t-il ? Etes-vous souffrante ?

Francine répondit :

— J’ai de grandes peines !

Mais sa voix était sourde et ses lèvres remuaient peu. La religieuse, n’ayant pas compris, demanda encore :

— Etes-vous souffrante ? Si vous voulez, je parlerai aux médecins pour vous.

Francine secoua la tête et répéta :

— J’ai de grandes peines, sœur Angélique ! et je n’ai personne sur la terre à qui me plaindre.