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LES GARDIENNES

III


Lorsque Francine eut appris par Maxime, la trahison de son ami, elle cessa d’écrire. Elle gardait, encore, cependant, une vague espérance ; mais, peu de temps après, les colis qu’elle avait envoyés lui revinrent un à un, refusés. Alors, elle comprit bien que tout était fim.

Elle connut quelques heures de profond et déchirant désespoir : puis, quelque chose de pire peut-être, une sorte d’engourdissement glacé, la lugubre résignation des pauvres êtres malchanceux qui se courbent et s’abandonnent.

Elle faisait machinalement toute besogne, ne s’intéressait à rien, perdait la mémoire. Son trousseau ne l’occupait plus, sa fortune pas davantage ; un jour elle égara dans le courtil, cent francs qu’elle venait de recevoir. Elle évitait le regard des gens et ne prononçait que les paroles indispensables.

Ce furent les enfants de la Miraine qui, peu à peu, la tirèrent de cette dangereuse torpeur. Leurs cris, leurs rires la faisaient se retourner et elle s’arrêtait parfois à regarder leurs jeux.

Surtout, les petites manières qu’ils prenaient avec leur mère, rendaient Francine attentive.