Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
LES GARDIENNES

Léa, la bru, faisait merveilles. Avec le temps d’été sa santé s’était améliorée ; à son mal de poitrine le soleil portait remède, Il n’était pas besoin de lui faire sentir l’aiguillon ; bien au contraire ! la Misangère s’efforçait de modérer son ardeur et de lui faire prendre d’utiles précautions.

Au sujet de Maxime, quelques nuages s’élevaient pourtant entre les deux femmes. La mère, en effet, se montrait indulgente ; sa voix montait bien pour gronder, mais le sourire revenait ensuite beaucoup trop tôt. De plus, elle se souciait assez peu de faire travailler l’enfant.

La Misangère, sur ce point, la reprenait d’un ton vif.

— Maxime, disait-elle, est en âge d’apprendre le maniement des outils ; il est assez fort pour nous rendre de bons services et nous vivons en un temps où chacun doit faire plus qu’il ne peut.

Elle citait l’exemple de Lucien Ravisé qui avait su tenir la place d’un homme vigoureux et même plus.

Elle disait encore :

— Maxime est à l’âge où se prennent les bonnes habitudes, mais aussi les mauvaises, très facilement ; à l’âge où, pour la vie, s’établit le caractère… Lorsque Norbert reviendra, s’il trouve le petit en chemin de paresse et de débauche il nous fera de justes reproches… « Vous avez gardé mon bien et vous l’avez agrandi, mais vous n’avez pas veillé sur mon fils qui était ma richesse la plus précieuse !… » Voilà comment il parlera, et nous n’aurons qu’à baisser la tête.