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LES GARDIENNES

— Es-tu contente à présent, ma fille ? demanda-t-elle.

— Oui, répondit la petite, je suis contente !

La Misangère l’embrassa et quitta la boulangerie, Elle se répétait :

— J’ai menti… j’ai manqué à la justice… mais je ne pouvais pas agir autrement.

Elle n’était pas croyante ; cependant, comme elle passait devant l’église, des pensées qui ressemblaient à des pensées religieuses se présentèrent à son esprit.

— J’ai fait de mon mieux !… Si c’est mal, que je sois jugée !… que la peine retombe sur moi seule |

Elle portait haut la tête en arrivant au Paridier. Du plus loin qu’il l’aperçut, le père Claude se prit à geindre et à tempêter. Avant de partir elle l’avait sorti dans le courtil et l’avait assis sur un fauteuil, à l’ombre d’un noyer. La voyant revenir, il se trouvait soudain fort mal à cette place et ne le cachait point.

— Hortense ! criait-il, Hortense ! tu veux m’achever ! Pourquoi m’as-tu enfermé en cette prison ? Je veux aller chez moi, tout de suite, en un endroit qui s’appelle Château-Gallé… Hortense, dans quel pays m’as-tu conduit ?

Le bonhomme ne souffrait plus guère de sa cuisse brisée, mais d’autres misères étaient venues l’accabler et, surtout, ses idées s’en allaient tout à fait.

— Hortense, je veux retourner chez moi !

Comme elle n’approchait pas assez vite à son gré, il l’accoutra laidement d’injures.