Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
LES GARDIENNES

Marguerite Ravisé… Elle ne te l’a pas dit ? Il lui éerit tous les jours ou presque. Elle est sa bonne amie.

Il prit le temps de siffler, pour répondre à une bande d’étourneaux qui s’ébattaient à la cime d’un peuplier, puis il lança :

— Chambrière ! à cette noce, on me verra danser !

Content d’avoir ainsi parlé, il se retourna pour voir rire Francine. Mais Francine ne riait pas… elle avait glissé au fond du bateau et l’un de ses bras plongeait dans l’eau jusqu’au coude.

Vivement, Maxime fit demi-tour et s’approcha d’elle ; il la vit si blanche qu’il prit peur.

— Francine ! Francine !

Elle ouvrit les yeux et jeta autour d’elle un regard “étrange.

— Francine, es-tu donc malade ?

Un peu de rose revint à ses lèvres ; elle répondit en secouant son bras mouillé :

— C’est le bercement du bateau qui m’a brouillé le cœur.

Elle eut le courage de reprendre sa rame, mais ses mains, faibles, la lächèrent de nouveau.

Maxime dit :

— Malade comme tu es, il faut que je te reconduise, Je vais laisser ici mon bateau ; je trouverai bien quelqu’un pour me ramener.

Il sauta à côté de Francine et mena le bateau jusqu’à Sérigny. Il parlait en ramant ; Francine n’entendait pas, étourdie comme si on l’eût frappée durement à la tempe.

Ayant mis pied à terre, elle n’entra point tout de