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LES GARDIENNES

Aussitôt arrivée, elle chercha des yeux Maxime autour de la Cabane ; il ne s’y trouvait pas. Elle remonta donc vers le haut village où elle fit sa commission chez la tailleuse, puis revint bien vite vers le Canal. Passant près de la boulangerie, il lui sembla qu’elle entendait Marguerite chanter. Au bas village, Léa se tenait sur le seuil de sa maison et Maxime non loin. Léa souriait ; s’il y avait un malheur, on ne le connaissait done point encore à Sérigny.

Francine se sentit le cœur allégé ; elle prit place dans son bateau. Maxime s’était approché d’elle ; pour l’accompagner, il sauta dans un autre bateau. Tous les deux gagnèrent la conche Saint-Jean.

Alors Francine demanda :

— Avez-vous de bonnes nouvelles des combattants ?

— Excellentes ! dit l’enfant ; ils annoncent que la guerre va finir.

— Et vous avez souvent des lettres ?

— Père écrit presque tous les jours et l’oncle Georges plusieurs fois par semaine. L’oncle Georges nous a même appris qu’il était au repos.

Francine arrêta complètement le mouvement de sa rame. Elle répéta plusieurs fois, comme si elle eût mal compris :

— Au repos… il est au repos…

— Eh bien oui ! dit Maxime ; c’est le bon moment pour lui ; aussi, il a le temps de nous écrire souvent.

Il continua d’un ton malin :

— À moi, il écrit chaque semaine, mais j’en connais une qui est encore mieux partagée !… C’est