Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LES GARDIENNES

bel argent et elle se retirera tranquille avec nous en attendant la fin de la guerre.

Comme elle ne disait rien, il s’enhardit :

— C’est tout à fait décidé, cette fois ! et si tu veux mon idée, je crois que c’est le meilleur plan… Autrement nous nous tuerions à la besogne et notre pauvre fille aussi. Qui sait combien de temps la guerre peut durer encore ?… Le bail prend fin à la Saint-Georges ; je ne conseillerai pas à Solange de le renouveler et tu reconnaîtras toi-même, si tu veux réfléchir…

Elle l’interrompit :

— Et Léa, notre bru, va-t-elle aussi se retirer tranquille chez nous ?

— Elie a devant elle moins d’embarras que Solange.

— Surtout elle est plus courageuse… quand on manque de courage on trouve toujours de grands embarras…

Elle se tut un moment, puis reprit :

— Tu ne m’as toujours point dit ce que l’on compte faire au Paridier pour le foin…

L’hésitation de Claude fut visible.

— Solange a pris le meilleur parti… à mon avis, du moins. Elle veut faire pacager, tout simplement… Quand les bêtes seront en bon état de vente, elle s’en débarrassera. Elle n’a pas tort. Dés ce soir, elle a fait conduire les vaches au pré Bullier : je temps est beau, elles y passeront la nuit… Tu prépareras ma blouse, Hortense : je pars de grand matin.