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LES GARDIENNES

expliquant tout de son mieux et suppliant le jeune homme de ne pas intervenir, maintenant que la chose était faite.

Elle disait son contentement d’avoir pu trouver cette place toute proche de Sérigny ; et aussi qu’elle attendait avec impatience de ses nouvelles, à lui.

La semaine passa sans qu’elle ressentît trop d’inquiétude. Georges avait bien promis d’écrire aussitôt après son arrivée à l’armée, mais elle savait bien que les lettres cireulaient parfois fort mal ; et, d’ailleurs, le retard n’était pas encore très grand.

Songeant à l’attitude de la Misangère, aux paroles hautaines mais sans colère par quoi sa patronne lui avait donné congé, elle se disait que son secret d’amour avait dû être surpris par d’autres que Marguerite. Elle en venait à penser raisonnablement qu’on avait voulu l’éloigner parce qu’elle ne semblait pas un brillant parti ; car elle savait les anciens un peu fermés aux choses du cœur mais fort attentifs aux questions de fortune pour l’établissement de leurs enfants.

— On ignore que je suis riche, pensait-elle ; quand on le saura, je serai plus favorablement regardée.

Elle fit encore une fois le compte de sa fortune, ajouta ce qu’elle allait gagner jusqu’à la fin de l’année. Puis, fort adroitement, elle laissa entendre que l’argent ne lui manquait pas ; elle le dit même tout net à Maxime, un soir qu’il était venu rôder du côté de Saint-Jean,

Enfin, elle écrivit encore à Georges une lettre pressante ; et, à lui-même, elle indiqua le montant de