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LES GARDIENNES

Quand le bateau eut abordé dans une petite anse, devant la ferme, Maxime voulut lui-même décharger les paquets, puis il embrassa Francine.

— J’aurais voulu te garder chez nous, dit-il ; je viendrai te voir quand je passerai par ici. Mais, toi aussi, tu peux bien revenir à Sérigny.

Ces derniers mots semblèrent tirer Francine d’un songe. Elle leva la tête et une lumière trembla dans ses yeux.

— Oui, dit-elle, je sais qu’il me sera permis un jour de revenir à Sérigny.

Maxime s’éloigna. Il était plus ému qu’il ne voulait le laisser paraître ; et il était en colère. Un gamin de Saint-Jean, avec qui il avait eu de grands différends, apparut fort à propos, seul, lui aussi, sur son bateau. Maxime, aussitôt, décida de passer sur cet ennemi sa mauvaise humeur. Il commença par le couvrir d’injures, puis, lui coupant la retraite, il lui donna la chasse afin de le bloquer dans quelque petit coin et de lui infliger une correction depuis longtemps promise.

Francine, un paquet sous chaque bras, entra chez Miraine.

Le lendemain, elle écrivit à Georges, Elle ne l’avait pas encore prévenu de son départ de Sérigny. Cela s’était fait si vite qu’elle en avait été comme étourdie ; et puis, jusqu’au dernier moment, même après avoir fait marché avec celle de Saint-Jean, elle avait gardé secrètement l’espoir de rester.

Francine écrivit donc à Georges longuement,