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LES GARDIENNES

élu. Quand elle vit disparaître la façade blanche des Cabanes, ses yeux restèrent clairs.

Maxime semblait plus triste : ln tête basse, il pagayait lentement.

— Lorsque tu es arrivée ici, dit-il, c’est moi qui t’ai conduite pour la première fois, sur le Grand Canal… Et tu avais grand’peur !… T’en souviens-tu ?

— Oui ! répondit Francine.

Il reprit au bout d’un instant :

— Tu n’étais pas une mauvaise chambrière… Quand je faisais mes coups, tu n’en disais rien… Tu ne m’as jamais vendu, toi… Et à présent, tu t’en vas… Pourquoi t’en vas-tu ?

— Il le faut ! répondit-elle.

— Il le faut… Il le faut… Tu m’agaces un peu à toujours me chanter la même chose ! Tu t’en vas peut-être pour gagner plus d’argent ?

— Cela, non !

— Alors, quoi ? C’est ma grand’mère qui a pris son bonnet rouge ? Ne dis pas non ! je la connais bien. Cela devait arriver, un jour ou l’autre : il y a déjà longtemps que je t’ai prévenue pour la première fois.

Elle ne répondit pas ; il continua :

— Personne ne t’a défendue, bien sûr !… Quand la Grande Hortense ouvre la bouche, tout le monde tremble… Il n’y a que moi pour lui résister, mais elle ne me craint guère. Si l’oncle Georges n’était pas reparti, il lui aurait fait entendre raison.

Pour cette parole, Francine regarda l’enfant avec tendresse.