Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
LES GARDIENNES

— Ma fille, à partir de ce jour, nous n’avons plus besoin de ton travail ici.

Francine, tout d’abord, ne comprit pas bien ; elle supposa qu’elle devait, désormais, passer tout son temps chez Léa Misanger, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

En souriant, elle attendit de nouveaux ordres. Comme ces ordres ne venaient point, elle se risqua à demander :

— Où faudra-t-il que je travaille aujourd’hui ? Dois-je, dès ce matin, aller à la Cabane ?

La Misangère la regarda, droit dans les yeux et, de sa main fermée, fit un geste net.

— Je te dis qu’à partir de ce jour, tu n’es plus servante chez nous. Tu peux t’enquérir d’une autre place.

Francine pâlit ; elle leva la main, cherchant appui le long du mur.

Le visage blanc de la Misangère ne trahissait ni colère ni pitié ; elle détourna cependant un peu les yeux et, pendant un moment, seul le souffle de Francine se fit entendre, un souffle court qui ne pouvait passer.

Puis, la Misangère reprit :

— La fin du mois tombe dans huit jours. Durant ces huit jours tu peux rester ici, c’est ton droit. Je te donnerai toute liberté pour aller à la ville chercher une condition. Mais, si tu le préfères, tu peux partir plus tôt ; tu peux partir dès que ton moment sera venu… Dans ce cas, le mois entier sera quand même payé.