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LES GARDIENNES

Pourtant, il l’interrompit et demanda :

— Vous le saviez donc… que la servante était une débauchée ?

Elle répondit aussitôt, mais d’une voix rauque :

— Oui… Avec les filles de cette espèce, il faut s’attendre à tout ; elles ont dans le sang la passion du mal.

— Alors, pourquoi la gardez-vous ?

— Je ne croyais pas, je l’avoue, son audace aussi grande… Sois tranquille : j’y mettrai ordre !

Cette chose bien entendue, bien réglée, la mère revint à son discours.

Au petit jour, ils furent en vue de la gare. Georges dit encore une fais :

— Mère, je vous remercie de m’avoir conduit ; vous pouvez vous en retourner maintenant. Comme Vous voyez, je ne manquerai pas le train.

Elle le regarda profondément ; l’éclat trouble de ses yeux lui causa de la méfiance.

— Non, dit-elle, je ne m’en retournerai pas avant ton départ ; je veux rester auprès de toi jusqu’au dernier moment.

Il baissa la tête.

Dans la salle d’attente, malgré l’heure matinale, il y avait déjà plusieurs personnes. La Misangère attira son fils dans un coin et elle continua à lui parler à mi-voix.

Puis, le train arriva. Georges monta tout de suite et elle ferma sur lui la portière. Mais il se pencha, tendit ses mains qu’elle prit.

— Mère, vous embrasserez encore une fois tout