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LES GARDIENNES

comprendre leur langage et faisait avec eux un important commerce qui ne l’enrichissait pas de façon durable, mais qui l’amusait beaucoup.

Georges et Francine travaillèrent ensemble, suivirent du même pas les sentiers de la plaine, glissérent sur le même bateau par les routes d’eau qui menaient aux marais de la Cabane. Leur tendresse s’épanouissait hardiment et le temps volait sans qu’ils y prissent garde.

Le dimanche seulement, Georges commença de compter les heures.

Le dimanche, sixième jour de la permission, Georges voulut faire cette promenade dont ils avaient parlé plusieurs fois. Il établit ainsi son plan :

— Vous partirez seule par le chemin de halage, le long du Grand Canal, et vous irez au delà des Cabanes jusqu’au pré-cloux des Mazoyer. Là, vous verrez un peuplier couché qui a fait une grande levée ; je vous attendrai derrière avec le bateau neuf des Ravisé qui est propre et léger, et nous ferons un beau voyage.

Elle ne songea point à discuter, éblouie. À l’heure dite, elle alla au rendez-vous, en toilette ; elle vit d’assez loin, la levée, le grand peuplier que la tempête avait arraché et dont les racines feutrées dressaient comme un mur de terre. Georges était dans un fossé qui débouchait là ; il poussa son bateau sur le canal, vint aborder aux pieds de Francine et lui tendit la main. Elle descendit légèrement.

Georges avait, lui aussi, soigné sa mise, remplacé