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LES GARDIENNES

rigny ? Quel accueil leur faisait-on ? Ils ne devaient pas s’amuser beaucoup dans ce pays inconnu, parmi ces tristes campagnes…

Mais ceux qui soutenaient la conversation étaient gens de bonne société, instruits, réservés et ne lançaient pas à la légère leurs paroles. Ils n’avaient à se plaindre de personne ; bien au contraire ! Le pays leur semblait charmant et l’accueil qu’on leur faisait des plus honnêtes. Ils se proclamaient grands admirateurs des Français, débitaient des phrases bien arrondies, peu différentes de celles qu’on pouvait lire dans les journaux.

Georges eut quelque peine à les amener où il voulait. Puisqu’ils tenaient si près de leur cœur les Français, ils devaient bien aussi aimer un peu les Françaises ? Georges se rappela quelques mots qu’il avait appris des alliés anglais, quelques mots des plus rudes ; il les employa tout à trac, ce qui fit rire aux éclats deux grands gaillards à mine de débauchés qui, jusqu’alors, n’avaient point suivi la conversation. Les autres ne sourirent qu’à demi et continuérent leurs discours bien posés où tout était dit en faveur des Françaises, sans rien contre elles.

Par malheur, à ce moment-là, passa encore une jeune femme de Saint-Jean qui envoya aux soldats son hardi salut. C’était une délurée, bien connue dans le pays et qui avait déjà fait parler d’elle au temps de paix. Un Américain expliqua que cette Française avait promis mariage à un soldat fort riche.

Alors, Georges :