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LES GARDIENNES

Les regards de Francine se dérobèrent ; elle secoua la tête… Non ! non !

— Francine, montrez-moi votre visage !

Penché sur elle, il vit son image au fond des prunelles dorées ; image fugitive, car les yeux se brouillèrent aussitôt et deux larmes glissèrent, lumineuses.

Alors, il fut, à son tour, bouleversé de tendre allégresse ; il ne songea plus à maladroïtement questionner, mais balbutia :

— Francine !… Francine !…

Elle fit, pour l’éviter, un mouvement peureux et reprit sa marche. Il la suivit, leva le bras jusqu’à sa taille, puis le laissa retomber. Il parla d’une voix changée :

— Francine, j’ai grande joie à vous retrouver ici ; l’an passé, lorsque je suis parti, nous nous sommes quittés bons amis… Je ne sais si vous vous le rappelez !

Elle répondit.

— Oh ! oui ! je me le rappelle !

Malgré son trouble, sa voix naîve, pour dire cela, chantait clairement.

— J’aurais dû vous écrire souvent, Francine… plus souvent que je ne l’ai fait. Mais, à la guerre, on a de grandes peines ; cela brouille le cœur et l’esprit. Cependant, en fermant les yeux, je vous ai plus d’une fois revue, telle que vous étiez, devant moi, un soir, au bord du Grand Canal… Vous m’aviez promis de rester au pays jusqu’à mon retour, mais ma permission s’est fait attendre… Partant pour les