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LES GARDIENNES

coups de poing envoyés raide sur la figure. Les deux mulâtres, entre tous, étaient coutumiers de ce jeu ; après avoir bu, solitaires, chacun à sa table, ils échangeaient quelque méchant regard, puis, pan ! et vlan ! jusqu’à ce que l’un d’eux roulât sur le sol.. Et le lendemain bons camarades comme devant.

Jeunes, ces hommes regardaient les Françaises, Quelques-uns, allant à la ville, se mettaient tout simplement en débauche en compagnie de mauvaises filles. D’autres, à la vérité plus nombreux, cherchaient à plaire comme font tous les hommes de tous les pays par belle tournure et manières galantes. C’était un spectacle assez plaisant que de les voir montrer leurs grâces ; sachant à peine quelques mots de français, qu’ils prononçaient d’ailleurs d’une façon bizarre, ils s’empêtraient dans leurs moindres discours, rougissaient, puis s’en tiraient quand même par de grands éclats de rire.

Le premier détachement resta environ six semaines à Sérigny ; un autre vint aussitôt le remplacer, plus important et qui demeura aussi beaucoup plus longtemps. Certains soldats de ce second détachement n’allèrent jamais plus loin et retournèrent dans leur pays sans avoir entendu le bruit des batailles ; ils eurent le loisir, avant leur départ, de nouer amitié avec des Françaises.

Les filles du pays, un moment surprises par l’allure de ces étrangers, s’étaient en effet familiarisées assez vite. Quelques-unes, à qui la hardiesse ne