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LES GARDIENNES

ne savaient marcher qu’à grands pas et semblaient toujours avoir un but vers lequel ils allaient en hâte, Ils n’hésitaient jamais, se trouvaient chez eux partout, du premier coup.

Leur petit chapeau semblait drôle ; ils étaient vêtus de bonnes étoffes, chaussés comme pour faire à pied le tour du monde. Les officiers riaient avec des dents en or, impressionnantes.

Ces officiers, pour la plupart, allaient tous les jours à la ville où se trouvait un centre d’instruction important. Ceux des soldats qui ne conduisaient pas les voitures demeuraient généralement au village, faiblement occupés à diverses corvées. Parmi eux, deux mulâtres faisaient office de cuisiniers.

Les Américains se nourrissaient copieusement. Outre leur ration militaire, ils consommaient beaucoup de bonnes choses qu’ils trouvaient dans le pays. Îls faisaient de grands achats et leur bourse paraissait inépuisable.

Les soldats, le soir, allaient à l’auberge. Ils buvaient les vins de France mais ne savaient point encore les déguster. Très vite, d’ailleurs, l’ardeur du vin ne leur suffisait plus ; ils demandaient les liqueurs les plus fortes qu’ils payaient au prix des meilleures.

À l’encontre des Français, ils ne venaient pas à l’auberge pour passer le temps et bavarder, mais pour boire ; et, comme toujours, faisant vivement ce qu’ils avaient à faire, ils allaient droit au but. La mauvaise ivresse des bas alcools les rendait tristes et fous ; ils se battaient sans préambule, à grands