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LES GARDIENNES

— Tu es bonne, ma fille !

Un éclair de fierté traversait les yeux de l’autre.

Maxime, lui, prenait toujours le large à l’approche de sa grand’mère ; dans la crainte, disait-il, qu’elle l’abordât le bonnet rouge en tête.

Il avançait pourtant en âge et en raison. De race honnète, sans vraie méchanceté au fond, éprouvant d’ailleurs pour sa mère une grande affection, il commençait à se rendre utile quand la nécessité lui en apparaissait évidente. Francine qui venait toujours finir la semaine à la Cabane, obtenait également beaucoup de lui par adroite flatterie.

Bien entendu, il fallait encore lui pardonner quelques escapades au Marais où venaient s’abattre à ce moment de l’année, d’immenses bandes d’oiseaux passagers. Il se permettait parfois de braconner au fusil, mais en grand secret, afin de ne pas effrayer sa mère. Pour ces parties, il passait toujours à la hutte du Grenouillaud, car le bonhomme, docile, lui servait de rabatteur. Au contraire, il ne recherchait plus la compagnie de trois ou quatre garçons du pays, connus comme francs vauriens. Il parlait presque convenablement devant sa mère et n’osait plus rôder trop près de la Cabane quand il avait la pipe au bec.

Par malheur pour sa vertu naissante, des soldats américains vinrent cantonner dans le pays.

Depuis quelque temps déjà, ces nouveaux alliés arrivaient en grand nombre aux ports de la mer. Sur de grands bateaux surchargés, ils amenaient