Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LES GARDIENNES

Et encore :

— Ne sais-tu pas que Georges est au repos pour quelque temps ?

— Non, répondait Marguerite, je ne le savais pas !

— Il aurait dû vous écrire à Lucien et à toi. Il n’en a pas eu le temps, sans doute… mais il ne vous oublie pas.

La petite détournait les yeux et changeait la conversation ; son air dolent ne l’abandonnait pas.

La Misangère insistait :

— Tu dois être souffrante, ma fille ! Prende-tu le temps, au moins, de préparer les repas ? Manges-tu bien ?

— Je n’ai pas grand appétit, avouait Marguerite ; devant la table, je suis paresseuse.

Alors la Misangère la grondait affectueusement et se mettait elle-même à faire la cuisine. Un jour, elle parla de conduire Marguerite chez le médecin, mais la petite se récria si fort qu’il ne fallut pas insister pour cette fois. Par la suite, la Misangère revint à cette idée ; Marguerite, en effet, maigrissait d’une façon inquiétante.

À la Cabane, la Misangère pouvait compter sur la fermeté de sa bru. Là, au moins, se trouvait une gardienne de haut courage, une gardienne que l’on citait à Sérigny entre les plus braves, que l’on mettait sur le même rang que la bru des Candé, par exemple, ou que la femme de Roque le forgeron.

Par malheur ses forces ne répondaient pas toujours à sa volonté.

Lorsque Norbert, premier des Misanger, vint en