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LES GARDIENNES

— Je viens te voir pour te dérider un peu… j’ai acheté, l’autre jour, un cadeau pour toi : je te l’apporte.

Et elle chercha dans sa poche la petite boîte qui contenait la broche. Mais Marguerite avait parlé… elle avait dit, elle aussi, précisément :

— Je vais te donner quelque chose qui te fera plaisir. … Voici ce que j’ai reçu tout à l’heure pour toi.

Comme Francine offrait son cadeau, Marguerite tendit une lettre… Elles dirent, toutes les deux à la fois :

— Merci !

Et la même pâleur couvrit soudain leur visage.

Elles se regardèrent dans les yeux, profondément ; Francine, la première, baissa la tête.

Marguerite se prit à balbutier :

— Aujourd’hui, ce n’était pas le facteur, mais son remplaçant… Une voisine lui a dit que tu venais ici chaque dimanche, dans la soirée. Alors, pour se débarrasser, il a déposé ta lettre en même temps qu’une pour nous venant du minotier… Moi, j’étais dans la cour. Si je m’étais trouvée à la maison, je ne l’aurais pas prise, ta lettre… je ne l’aurais pas vue !…

Elle répéta, sur un ton navré :

— Je ne l’aurais pas vue !

— Cela ne fait rien, dit Francine ; ce n’est pas important.

Mais, pour ce mensonge, sa voix manquait d’assurance.