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LES GARDIENNES

Georges lui avait envoyé deux lettres, à présent ; deux lettres auxquelles elle avait répondu. C’était tout… et ni l’un ni l’autre n’avait parlé d’amour seulement ! Elle ne réfléchissait pas là-dessus. Georges allait venir bientôt, probablement vers la Toussaint : ce bonheur suffisait à illuminer l’horizon.

Francine, tout à coup, s’arrêta. Une idée lui venait, la première idée bien nette depuis le matin. Elle voulait, pour marquer ce grand jour, faire quelque dépense folle, acheter un cadeau pour son ami. Tout son émoi de bonheur aboutissait à la nécessité d’un tel geste, extraordinaire et magnifique.

Elle commença donc à regarder les vitrines, examina longuement celle d’une bijouterie, puis l’étalage d’un bazar où se trouvaient des objets de toute sorte. Bientôt, une difficulté la rendit perplexe : comment faire parvenir ce cadeau ? Elle ne voulait à aucun prix que Georges pût en deviner l’origine. Car c’était une chose très osée qu’elle faisait là ! et, surtout, son plaisir à elle, son très grand plaisir était de garder le secret. Plus tard, elle avouerait ; beaucoup plus tard, lorsqu’elle en aurait le droit. À l’avance elle imaginait la douceur de cet aveu et l’étonnement de Georges et sa gratitude émerveillée.

Pour l’instant, il fallait être discrète et rusée. Afin de se donner le temps de la réflexion, elle continua son chemin. Elle arriva ainsi devant une autre boutique où une affiche en grosses lettres attirait le regard. Francine lut : « Préparation de colis pour