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LES GARDIENNES

cadeau puéril de toute son âme, de même qu’elle eût donné une fortune inépuisable. Et elle ne s’étonnait point d’être ainsi remerciée.

Elles marchèrent un peu, arrivèrent sous le porche où il faisait sombre. La sœur tourière ne paraissait pas, sans doute occupée ailleurs.

— Vous reviendrez me voir, dit sœur Angélique. Il faut revenir. Je suis toujours ici, dans un de ces pavillons.

— Je reviendrai ! dit Francine.

— Peut-être, reprit la religieuse, vous vous marierez… Si Dieu vous donne des enfants, je serai heureuse de les connaître.

Francine perdit la tête. On s’inquiétait vraiment beaucoup d’elle aujourd’hui ! Jamais elle n’avait senti autant de bienveillance et de sollicitude autour de sa vie. Toutes ses pensées se brouillèrent ; les plus secrètes surgirent du fond de son cœur pour se méler aux autres.

Souriant et pleurant à la fois, elle se pencha vers la cornette blanche et elle avoua :

— Oui, sœur Angélique, je veux me marier !

La sœur tourière arriva là-dessus. Elle n’était pas fort tendre ; d’ailleurs elle voyait tant de gens qu’elle ne pouvait s’intéresser à chacun. Sœur Angélique eût désiré lui vanter les façons de Francine ; mais, journellement, sœur Angélique ne voulait-elle pas lui faire connaître ainsi quinze personnes au moins, et des meilleures, toujours ?

Elle prononça quelques paroles polies, puis tira uu cordon.