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LES GARDIENNES

des couvertures, au grand air, Puis, levant la tête vers Francine, elle dit :

— Vous, je vous reconnais bien !

Et elle posa des questions qui obligèrent Francine à recommencer son discours.

Elles s’assirent toutes les deux près de l’enfant malade et furent amies. Francine demeura là un bon moment ; quand elle partit, la religieuse voulut l’accompagner.

Elle ne faisait plus grand’chose à l’Hospice, cette sœur Angélique, elle avait bien le temps de reconduire les gens ! Bien connue pour sa simplicité d’âme, on lui avait souvent, autrefois, reproché sa faiblesse ; maintenant, les plus sévères souriaient en la voyant gâäter tout le monde au hasard, les mauvais comme les bons.

Avant d’arriver au pavillon de la sœur tourière, elle s’arrête, dit à Francine d’un air mystérieux :

— J’ai quelque chose pour vous !

Et elle lui tendit une image de piété, une tête de Christ enfant, toute belle et blonde.

— Elle est pour vous… Je vous la donne !

Francine prit l’image ; elle balbutiait, émue aux larmes, encore une fois :

— Merci, sœur Angélique ! Vous êtes bien bonne… bien bonne… Je la garderai toujours en souvenir de vous.

La religieuse écoutait en souriant ; n’ayant jamais rien possédé, toute sa vie servante très humble des pauvres parmi les pauvres, elle n’avait aucune idée de la valeur des choses. Elle faisait ce