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LES GARDIENNES

par la ville. Sa préoccupation première fut de mettre son argent plus en sûreté. Elle alla donc sur les promenades, s’assit sur un banc dans le brouillard ; sûre de ne pas être vue, elle releva un peu sa jupe et glissa sa bourse dans une poche de dessous dont elle épingla l’ouverture. Puis, tranquille, elle mangea le pain qu’elle avait apporté, avec des figues.

Un peu après midi, elle quitta son banc et monta vers l’Hospice. À l’Hospice, en effet, se trouvait sœur Angélique, la religieuse à qui Francine s’était attachée pendant sa longue maladie d’enfance. En cette journée si importante de sa vie, elle éprouvait le besoin de la revoir.

Elle la trouva tout de suite, dans la première cour, assise auprès d’une petite infirme,

— Sœur Angélique, c’est Francine Riant qui vient vous souhaiter le bonjour !

La religieuse se leva ; elle était très vieille, à peine plus haute qu’un enfant et joliment ridée avec des yeux contents.

Francine se mit à conter ses affaires, l’emploi de sa matinée et qu’elle était maintenant une personne libre comme les autres et non sans fortune.

Sœur Angélique entendait mal, comprenait de même. Elle avait pris une des mains de Francine et la tapotait entre les siennes. À son tour, elle parla, nomma des gens que l’autre ne connaissait point, de pauvres malades bien aflligés, vanta surtout la gentillesse de cette petite infirme au visage blanc que les médecins maintenaient toute la journée sous