Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136
LES GARDIENNES

sympathisaient guère et même des ennemis francs rassemblèrent leurs gerbes pour battre plus facilement. Et les femmes, encore une fois, occupèrent des places dangereuses pour la fragilité de leur corps.

Au Paridier, à l’exception de Solange qui gardait la maison, tous allèrent battre chez les voisins, la Misangère menant les autres et les tenant constamment dans sa vue.

Le père Claude, assez souvent, geignait. Depuis de longs mois, le travail avait dépassé ses forces ; de plus, la mort de son fils cadet lui avait porté un coup funeste. Il se trouvait, maintenant, véritablement usé.

La Misangère le soignait de son mieux. Elle le laissait se coucher aussitôt la journée finie, alors qu’elle-même poursuivait son labeur fort avant dans la nuit ; car, chez eux, à Château-Gallé, il y avait aussi un peu à faire. Le matin, elle se levait la première, cuisinait pour le père Claude et lui servait au lit un gros repas de viande avec du vin, du café et de bonne eau-de-vie ; elle s’imaginait lui donner ainsi force et courage.

Le bonhomme s’attendrissait : malgré son peu d’appétit, il s’efforçait de faire honneur à ce déjeuner matinal. Mais, après cela, quand il lui prenait envie d’étendre encore un peu, dans la tiédeur du lit, &es pauvres jambes raides, il n’avait pas beau jeu.

— En bas, Claude ! la besogne nous attend ! disait la grande Hortense, implacable.