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LES GARDIENNES

III


Au temps de la récolte, la plaine de Sérigny fut d’une grande beauté. Grâce au labeur acharné des femmes, des enfants, des vieillards, des malingres et aussi des permissionnaires et des blessés convalescents, les forces secrètes de la terre avaient pu donner leur plein rendement. Il faut dire aussi que des circonstances exceptionnelles de température étaient venues favoriser le travail des paysans et rendre fécondes leurs peines. Tous les sucs de cette terre mince avaient jailli en tiges drues, en lourdes floraisons ; les épis étaient riches comme aux plus belles années de paix et les vignes chargées ; les branches cassaient sous l’abondance des fruits de toute sorte.

Au Paridier, d’après les recommandations de Clovis, et surtout, selon les ordres de Constant, l’officier défunt, on avait largement emblavé, au printemps aussi bien qu’à l’automne ; dans les fermes voisines, presque partout, on en avait fait autant.

Travail profitable car le gouvernement venait de fixer le prix du grain à un chiffre avantageux. Nul n’était insensible à cet encouragement ; cependant,