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LES GARDIENNES

pas qu’elle la connaissait déjà parfaitement… Mais c’était très bien qu’il eût pris cette peine : cela marquait qu’il souhaitait une réponse.

Une réponse ? oui, elle ne pouvait manquer d’écrire elle aussi… Garder le silence, serait impolitesse grave.

Elle combina dans sa tête les phrases qu’elle lui dirait : grand travail, mais si nouveau et si plaisant ! D’abord, elle lui offrirait ses encouragements et ses bons souhaits, ensuite… Il ne fallait pas que la réponse fût bien osée ; cependant, parlant des pays du Marais qu’il aimait tant, elle pourrait bien dire qu’elle s’y plaisait beaucoup aussi et qu’elle y demeurerait jusqu’à la prochaine permission. Surtout, elle le remercierait.

Relisant encore la lettre de Georges, elle n’y trouvait pas les plaisanteriés dont il était coutumier, au dire de chacun. Lettre honnête et douce, lettre écrite d’une main soigneuse. Il ne devait pas souvent en envoyer de semblables ; à Marguerite, il adressait des cartes à découvert où il racontait des histoires drôles, des cartes barbouillées à la diable avec de grands jambages fous.

Certes, il ne s’avançait pas beaucoup ; il n’en disait pas plus long qu’il n’avait fait la veille de son départ. Mais on pouvait deviner certaines pensées qu’il n’avait peut-être pas su exprimer ; en cherchant bien, on pouvait, derrière les mots indifférents, en placer d’autres, plus hardis et plus tendres.

À l’ombre tiède, sous les arbres penchés, Fran-