Page:Pérochon - Les Gardiennes (1924).djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LES GARDIENNES

ne veulent pas me faire de mal ; car, s’il en était autrement, je serais mort depuis longtemps.

C’est égal ! je retournerais volontiers au pays ! Je ne me ferais pas trop prier pour aller moissonner avec vous dans les champs du Paridier, ou bien pour vous conduire en bateau sous les ombrages des conches de chez nous. Malheureusement, il passera encore bien des obus au-dessus de ma tête, avant que j’obtienne une nouvelle permission. Mes camarades ne me céderont point leur tour.

S’il n’y a rien de changé, mon tour, à moi, reviendra vers le mois d’octobre. J’espère que vous serez toujours à Serigny ; j’aurai grand plaisir à vous y rencontrer, En attendant, il faut prendre patience.

Je souhaite que votre santé soit aussi bonne que la mienne, Au revoir, mademoiselle Francine !


Elle répéta plusieurs fois : Au revoir, mademosselle Francine ! au revoir, mademoiselle Francine !

La joie l’étourdissait.

Ayant replacé la lettre dans son corsage, elle revint à la Cabane, entra sans timidité. La Misangère lui demanda d’un air soupçonneux :

— Pourquoi es-tu sortie si vite tout à l’heure ? Savais-tu done que Maxime avait passé la journée d’hier en mauvaise compagnie ? Tu n’étais pas dans le secret, je pense ?

Francine répondit :

— Non ! non ! pas du tout !

Elle avait à peine écouté ; tout cela ne pouvait pas beaucoup l’intéresser pour le moment ! Maxime, immobile dans sen coin, l’oreille basse, coula vers elle un regard sournois ; elle y répondit par un sou-