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LES GARDIENNES

fagots n’en étaient pas moins brûlés. Les gens se plaignaient, comme de juste et demandaient réparation aux parents responsables.

Léa, désolée, écoutait, une fois de plus, la Misangère lui reprocher sa faiblesse envers le petit et faire des plans pour le mater enfin.

Et, juste à ce moment, Francine arrivait, portant sa joie devant elle comme un merveilleux cadeau d’étrennes ! La Misangère, qui l’accusait presque de complicité, arrêta sur elle des yeux si sévères que la servante s’immobilisa sur le seuil.

Elle ne pouvait entrer là ! Non pas qu’elle fût en ce moment très sensible à la crainte, mais elle voulait lire sa lettre tranquillement. Elle fit donc demi-tour et sortit sans rien dire. Derrière la maison, se trouvait la grange ; elle y entra, referma sur elle le portail.

Alors, seule, sûre de ne pas être dérangée, elle sortit sa lettre de son corsage, déchira l’enveloppe ; et ses mains étaient maladroites…

Georges écrivait !… C’était bien Georges !…


Aux armées, le 30 juillet.
Mademoiselle Francine,


Je profite d’un jour de repos pour envoyer mon salut aux personnes de ma connaissance dont j’ai gardé un bon souvenir. Nous venons du combat ; demain, nous devons y retourner ; après-demain et les jours suivants nous y serons encore. Ne pensez pas que je me fasse du chagrin pour cela ! Non ! le moral est bon comme disent les journaux. Je crois, d’ailleurs, que les Boches