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LES GARDIENNES

— La voici !

Elle s’adressait au facteur qui était venu à la sortie de la messe, selon son habitude, afin de distribuer ses lettres sans marcher beaucoup.

— Voici, répéta la vieille femme, celle que vous cherchez.

Alors le facteur s’approcha, une lettre à la main.

— Vous êtes bien mademoiselle Francine Riant, servante chez Mme Misanger ?

— Qui ! dit Francine.

— Je ne vous connaissais pas… Ce n’est pas souvent que j’ai des nouvelles pour vous.

Elle était devenue soudain toute pâle, si bien que l’homme dit encore, en souriant :

— Ne soyez pas si émue : aujourd’hui, je suis bon messager.

Elle prit la lettre. Il lui était arrivé de recevoir des papiers venant de l’Assistance, mais, du premier eoup d’œil, elle vit qu’il ne s’agissait point de cela aujourd’hui. Elle s’imagina que tout le monde la regardait et perdit la tête ; après un remerciement murmuré à voix si basse que l’homme, assurément, ne l’entendit point, elle s’éloigna, courant presque et cachant dans sa main la lettre froissée.

Par les rues du village, elle se hâtait vers la Cabane, sans rien voir autour d’elle. Marguerite Ravisé, justement sortait d’une boutique.

— Bonjour Francine ! Tu es bien pressée.

La petite voulait lui parler, la prier de revenir à la boulangerie malgré ce qu’avait dit la Misangère.

— Oui, répondit Francine, je suis très pressée.