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LES GARDIENNES

II


Ce dimanche, Francine était allée à la messe. Elle n’était pas très dévote ; ayant passé toute son adolescence chez des gens que la religion laissait indifférents, elle avait bien un peu perdu ses habitudes de piété. Pourtant, aux heures noires de sa vie, elle aimait toujours se réfugier à l’église ; elle s’y trouvait moins seule ; une tendresse vague, mais douce cependant, l’enveloppait. Et la prière, longuement, montait de son cœur comme si elle eût parlé à quelque lointain compagnon d’amour.

L’heure de la messe était aussi un moment de gagné sur le triste ennui du dimanche. Pendant la semaine, Francine travaillait si fort qu’elle n’avait point le temps de rêver mais, aux heures de repos, le cœur prenait sa revanche et faisait parfois souffrir.

Ce jour-là, donc, elle était allée avec plaisir à la grand’messe. Entrée à l’église une des premières, elle en sortit la dernière, laissant passer devant elle les quelques personnes qui se trouvaient là. Sur la petite place ensoleillée, la lumière l’éblouit un peu. Par petits groupes, de vieilles femmes causaient ; apercevant Francine, l’une dit :