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LES GARDIENNES

cine ; celle-ci ne s’était-elle pas permis de taquiner Maxime à propos de sa dernière équipée ? La Misangère dit :

— Laisse-le tranquille, s’il te plaît ! Tu n’es chargée ni de le commander ni de le corriger ; sa mère et moi nous prendrons ce soin. Surtout j’ai à te dire que tu ne dois pas rire avec lui comme tu fais ; cela l’encourage à la mauvaise conduite. Depuis que tu es ici, il me semble gagner en méchanceté.

La voix était fort sèche. Le sourire de Francine cessa net et elle ressentit, au cœur, ce froid qu’elle connaissait bien. Elle travailla sans gaieté le reste de la journée et, plus tard, elle fut très gênée à la Cabane, car Maxime se plaisait en sa compagnie.

Le dimanche suivant ce fut une autre affaire. Francine se trouvait à la boulangerie, comme de coutume, occupée au ménage. Marguerite lui eontait le départ de Georges et cherchait, pour la lui montrer, la dernière carte militaire qu’elle avait reçue de lui. La Misangère, depuis un petit moment, se tenait à côté, dans la boutique, écoutant leur conversation. Elle entra dans la cuisine et dit à Marguerite :

— Tu parles beaucoup ma fille ! Tu racontes aisément tes affaires !

— Mais c’est à Francine que je les raconte !

— Je le vois bien !

La Misangère se tourna vers la servante :

— Et toi, dit-elle, tu es donc bien brave à la besogne que tu cherches de l’occupation ailleurs que chez tes maîtres ! Tu ne songes donc jamais à pro-