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LES GARDIENNES

même, trés rouge, sans avoir demandé sa corde.

Solange ne pouvait, cette fois, essayer de rejeter le péché sur la servante ; elle en conçut un vif dépit.

À partir de ce jour, elle fit la guerre à cette fille dont les regards la gênaient. Sournoisement elle la desservit dans l’esprit de la Misangère.

11 était assez difficile de la représenter comme une servante maladroite ou paresseuse, mais, au dire de Solange, les autres défauts ne lui manquaient pas. Malgré son allure timide, elle savait se glisser dans l’intimité des gens. Elle prenait parfois des airs d’importance tout à fait mal séants ; à la Cabane, pendant li maladie de Léa, elle s’était mise à diriger. Depuis qu’elle était au pays, Maxime se montrait moins docile que jamais et l’on pouvait se demander si elle ne l’encourageait point car on la voyait souvent rire avec lui le dimanche soir, à la boulangerie, il fallait l’entendre ! Était-ce bien une compagnie souhaitable pour Marguerite Ravisé ?… Car, enfin, on ne la connaissait pas cette fille ! On ne possédait sur elle aucun autre renseignement que celui-ci : elle était enfant du hasard, née sans doute de parents vicieux, peut-être même criminels. Et ne savait-on pas combien il est fréquent de voir mal tourner les gens de mauvaise origine ?

La Misangère n’avait pas en Solange une trop grande confiance ; cependant elle ne pouvait manquer d’écouter ces paroles prudentes. Elle se reprocha sa faiblesse, se promit d’y remédier sans retard.

À la première occasion, elle reprit vivement Fran-